3.accepter comme vrai ou valide
(ex. il reçut le Christ).
recevoir (v.)
1.accepter qqch que l'on nous
donne, nous est adressé.
2.recevoir un traitement
spécifique (abstrait) (ex. ces aspects de la civilisation ne trouvent pas
d'interprétation ; zon film a reçu une bonne critique ; je n'ai obtenu que
des ennuis pour mes bonnes intentions.)
3.recevoir un courant
électrique, des ondes radio.
4.obtenir (qqch) comme
rétribution ou punition (ex. il a pris une grosse amende).
billet
à recevoir • effet
à recevoir • fin de non-recevoir • invitation à recevoir • mal recevoir • recevoir comme vrai • recevoir de nouvelles • recevoir des avances • recevoir en petit comité • recevoir favorablement • recevoir l'accolade • recevoir la barrette • recevoir la bénédiction • recevoir les ordres • recevoir un choc • recevoir un châtiment • recevoir un diplôme • refuser de recevoir • rendre une fin de non-recevoir
1. Prendre ce qui est
donné, présenté, offert. Recevoir un don, un legs, des étrennes, l'aumône.
• En
recevant la robe et le bonnet de médecin, vous apprendrez tout cela (MOL. Mal. imag. III, 22)
• Tiens,
reçois ce billet a tous trois si fatal (VOLT. Zaïre, IV 5)
Absolument.
• Ceci
peut s'appliquer à la grandeur royale, Elle reçoit et donne, et la chose est
égale (LA FONT. Fabl. III, 2)
• Nous
paraîtrons tous devant le tribunal de Jésus-Christ, afin que chacun reçoive
selon le bien qu'il aura pratiqué ou selon le mal qu'il aura commis (BOURDAL. Pensées, t. I, p. 189)
• Depuis
quand est - il vil de recevoir de ce qu'on aime ? depuis quand ce que le
coeur donne déshonore-t-il le coeur qui accepte ? (J.
J. ROUSS. Hél.
I, 16)
• Figaro
: J'étais né pour être courtisan. - Suzane : On dit que c'est un métier si
difficile ! - Figaro : Recevoir, prendre et demander, voilà le secret en
trois mots (BEAUMARCH. Mar. de Fig. II, 2)
En
termes juridiques, être l'objet d'une libéralité.
• Les
femmes, surtout celles qui avaient des enfants, furent rendues capables de
recevoir en vertu du testament de leurs maris ; elles purent, quand elles
avaient des enfants, recevoir en vertu du testament des étrangers (MONTESQ. Esp. XXVII)
• Toutes
personnes peuvent disposer et recevoir, soit par donation entre vifs, soit
par testament (Code Nap. art. 902)
Terme
de turf. Recevoir une certaine quantité de livres, se dit d'un cheval auquel
son rival rend cette quantité, en ce sens que celui-ci court avec une plus
forte charge que celui-là.
2. Prendre ce qui est dû,
en être payé. Recevoir de l'argent, une indemnité, une rente, un payement.
Recevoir le prix d'un travail, un salaire, des honoraires.
• Les
médecins reçoivent pour leurs visites ce qu'on leur donne (LA BRUY. XIV)
• Il
[Lalli] ne demanda jamais au trésor de ce conseil [de Pondichéri] le payement
de ses appointements de général ; il comptait le recevoir à Paris, et il n'y
reçut que la mort (VOLT. Pol. et lég. Fragm. sur l'Inde, 19)
Absolument.
• Carro-Carri
est si sûr de son remède et de l'effet qui en doit suivre, qu'il n'hésite pas
de s'en faire payer d'avance, et de recevoir avant que de donner (LA BRUY. XIV)
3. Prendre ce qui est
délivré, fourni, procuré. Les soldats ont reçu des vivres pour trois jours.
L'armée a reçu des recrues, des renforts.
4. Prendre ce qui est
envoyé, adressé. Recevoir des lettres, un placet, des renseignements.
• L'envie
continuelle que j'ai de recevoir de vos lettres (SÉV. 53)
• On
reçoit donc ici quelquefois des nouvelles ; Les dernières, monsieur, les
sait-on ? (GRESSET Méchant, III, 9)
On
dit de même : recevoir un courrier, un message, un parlementaire, un
ambassadeur, des députés.
Il se
dit aussi de communications faites de vive voix. Il a reçu de l'oracle cette
réponse. J'ai reçu du ministre l'ordre de....
5. Il se dit les biens qui
arrivent, des grâces qui sont faites. Les avantages qu'il a reçus de la
nature. Recevoir le prix de ses services.
• Il
vaut mieux n'avoir point besoin de grâce que d'en recevoir (CORN. 2e disc.)
• Oui,
l'honneur que reçoit la vôtre [famille] par ce choix En pouvait à bon titre
immortaliser trois (CORN. Hor. II, 1)
• Ô
toi [poison], qui n'attends plus que la cérémonie Pour jeter à mes pieds ma
rivale punie, Et par qui deux amants vont d'un seul coup du sort Recevoir
l'hyménée et le trône et la mort (CORN. Rodog. V, 1)
• Je
suis assurée que toute la faculté ne me défendrait pas cet amusement [écrire
à Mme de Grignan], voyant le plaisir que j'en reçois dans mon oisiveté (SÉV. 19 juill. 1677)
• Il
faut encore qu'il [Alexandre] se trouve dans tous nos panégyriques ; et il
semble, par une espèce de fatalité glorieuse à ce conquérant, qu'aucun prince
ne puisse recevoir de louanges qu'il ne les partage (BOSSUET Louis de Bourbon.)
• Les
consolations que reçoivent les enfants de Dieu de la communication avec le
saint siége (BOSSUET Reine d'Anglet.)
• Ces
grands hommes, dit saint Augustin, si célèbres parmi les gentils, et,
j'ajoute, trop estimés parmi les chrétiens.... ont acquis une gloire qu'ils
désiraient avec tant d'ardeur ; et tous ces hommes vains ont reçu une
récompense aussi vaine que leurs désirs (BOSSUET la Vallière.)
• Les
rois, non plus que le soleil, n'ont pas reçu en vain l'éclat qui les
environne (BOSSUET Marie-Thér.)
• Ils
[nos pères] vivaient la plupart contents de ce qu'ils avaient reçu de la
fortune, ou de ce qu'ils avaient acquis par le travail (FLÉCH. Lamoignon.)
• Quand
la nature ne lui aurait pas donné tous ces avantages [de caractère et
d'esprit], elle aurait pu les recevoir de l'éducation (FLÉCH. Mme de Mont.)
• Quel
fruit recevront-ils de leurs vaines amours ? (RAC. Phèdre, IV, 6)
• Ces
enfants de Jacob, premiers-nés des humains, Reçurent, quarante ans, la manne
de ta main (LAMART. Médit. I, 28)
6. Il se dit de même de ce
qui arrive de fâcheux, de ce qu'on subit. Recevoir une tuile sur la tête, un
coup d'épée dans le entre. Recevoir un mauvais accueil.
• Après
les pertes qu'il avait reçues (VAUGEL. Q. C. 212)
• De
tous les maux qu'Alexandre reçut en sa vie (VAUGEL. ib. 591)
• Peut-être
que vous en recevez quelque incommodité [d'avoir perdu vos chevaux] (VOIT. Lett. 144)
• Ne
voulant point céder, ni recevoir l'ennui Qu'il me pût estimer moins civile
que lui (MOL. Éc. des femm. II, 6)
• Seigneur,
j'ai reçu un soufflet (MOL. Sicil. 13)
• J'ai
tout fait, tout osé, pour t'aimer, pour te plaire ; J'ai trahi mon pays, et
mon père, et mon roi ; Cependant vois le prix, ingrat, que j'en reçoi (TH. CORN. Ar. III, 4)
• Ce
vaillant homme, poussant avec un courage invincible les ennemis qu'il avait
réduits à une fuite honteuse, reçut le coup mortel.... (FLÉCH. Turenne.)
• Les
mécontentements qu'il avait reçus du ministre [Mazarin] (FLÉCH. Duc de Mont.)
Recevoir
la mort, mourir, être tué.
• Son
grand coeur [de Madame] ni ne s'aigrit ni ne s'emporte contre elle [la mort]
; elle ne la brave pas non plus avec fierté, contente de l'envisager sans
émotion et de la recevoir sans trouble (BOSSUET Duch. d'Orl.)
7. Être investi de.
• Afin
que cette autorité que Dieu leur a donnée [aux princes] ne soit employée que
pour la fin pour laquelle ils l'ont reçue (PASC. Prov. XIV)
• Recevez
par cette lettre un pouvoir absolu sur tout le sérail (MONTESQ. Lett. pers. 148)
Recevoir
le bâton de maréchal de France, le chapeau de cardinal, la croix d'honneur,
etc. Être nommé maréchal de France, cardinal, membre de la Légion d'honneur,
etc.
8. Recevoir, en parlant de
ce qui est transmis, communiqué. Le maître dont il reçoit les leçons. La
Germanie conquise par Charlemagne reçut le christianisme. Cet enfant reçoit
une bonne éducation, une mauvaise éducation.
• Avec
toute sa sévérité, cette morale subsiste toujours telle que nous l'avons
reçue, et toujours elle subsistera (BOURDAL. Pensées, t. I, p. 92)
• Un
jeune homme, toujours bouillant en ses caprices, Est prompt à recevoir
l'impression des vices (BOILEAU Art p. III)
• Remise
dès l'enfance en des bras étrangers, Je reçus et je vois le jour que je
respire, Sans que père ni mère ait daigné me sourire (RAC. Iphig. II, 1)
• La
fille d'un César, la veuve d'un Pompée, Sera digne du moins, dans ces
extrémités, Du sang qu'elle a reçu, des noms qu'elle a portés (VOLT. Triumv. IV, 5)
• C'est
en Béotie que reçurent le jour Hésiode, Corinne et Pindare (BARTHÉL. Anach, ch. 34)
9. Il se dit des
sacrements administrés. Recevoir le baptême, la confirmation, les ordres,
etc.
• Mais,
pour en recevoir le sacré caractère [du baptême] Qui lave nos forfaits dans
une eau salutaire.... (CORN. Poly. I, 1)
• Qu'elle
nous parut au-dessus de ces lâches chrétiens qui s'imaginent avancer leur
mort quand ils préparent leur confession, qui ne reçoivent les saints
sacrements que par force.... (BOSSUET Duch. d'Orl.)
Ce
malade a reçu tous ses sacrements, on lui a administré, vu qu'il était en
danger de mort, les sacrements de la pénitence, de l'eucharistie et de
l'extrême-onction.
Recevoir
le corps et le sang de Jésus Christ, communier.
10. Recevoir, en parlant
des choses qui éprouvent quelque action au sens physique. La terre reçoit les
influences du ciel. Le miroir reçoit les images des objets.
• Si
le fer est mou et, par conséquent, susceptible de recevoir plus promptement
le magnétisme (BUFF. Min. t. IX, p. 189)
Il se
dit de même au sens figuré. Cet ouvrage a reçu de grandes modifications. Ma
maison recevra quelques embellissements. Le ministère reçut une nouvelle
organisation. Recevoir l'impulsion, le mouvement. Ce passage peut recevoir
divers sens.
• Assurément
; cela ne reçoit point de contradiction (MOL. l'Av. I, 7)
• Jamais
une démonstration dans laquelle ces circonstances [partir de principes
certains et substituer le défini à la définition] sont gardées n'a pu
recevoir le moindre doute (PASC. Espr. géom. 2)
• Quoique
cette idée générale de la beauté soit gravée dans le fond de nos âmes avec
des caractères ineffaçables, elle ne laisse pas que de recevoir de très
grandes différences dans l'application particulière (PASC. Passions de l'amour.)
• Le
conseil qu'on donnait à Pyrrhus de prendre le repos qu'il allait chercher par
tant de fatigues, recevait bien des difficultés (PASC. Pens. IV, 2, édit. HAVET.)
• Tout
genre d'écrire reçoit-il le sublime, ou s'il n'y a que les grands sujets qui
en soient capables ? (LA BRUY. I)
Recevoir
un nom, une dénomination, être nommé, dénommé. Les plantes reçoivent
quelquefois leur nom botanique de celui qui les a décrites le premier.
11. Faire venir de, tirer,
emprunter. Cette maison ne reçoit ses jours que de la rue. La lune reçoit sa
lumière du soleil. Il reçoit son vin du Bordelais.
• Vous
avez vu quelle lumière, quelle grâce et quelle force une pensée reçoit d'une
pensée qui lui ressemble ; il s'agit actuellement de considérer ce qu'elle
reçoit d'une pensée qui lui est opposée (CONDIL. Art d'écr. II, 5)
12. Il se dit des choses
qui recueillent, contiennent ce qui coule, ce qui vient aboutir, se rendre.
Un égout central qui reçoit toutes les immondices de la ville. Ce port reçoit
beaucoup de bâtiments. La citerne reçoit les eaux qui proviennent du toit.
• C'est
un gouffre, c'est une mer qui reçoit les eaux des fleuves, et qui ne les rend
pas (LA BRUY. XIV)
• Une
ville forte [Smolensk] pour appuyer et partager ses efforts [du général
russe], cette ville et un fleuve pour recevoir et couvrir ses débris, s'il
était vaincu (SÉGUR Hist. de Nap. VI, 5)
13. Il se dit des
personnes qui prennent dans leurs mains, recueillent, retiennent Recevoir le
sang d'une saignée dans une poêlette. Le chien reçoit adroitement dans sa
gueule ce qu'on lui jette. Je recevrai de la main droite la balle que vous me
jetez. Il tombait blessé d'un coup de feu, ses soldats le reçurent dans leurs
bras.
Recevoir
un enfant à sa naissance, le prendre au moment où il vient au monde. Elle
était là au moment des couches de sa soeur et reçut l'enfant.
• Cet
ange protecteur, Cet invisible ami veille autour de son coeur, L'inspire, le
conduit, le relève s'il tombe, Le reçoit au berceau, l'accompagne à la
tombe (LAMART. Médit. II, 17)
Fig.
Recevoir les derniers soupirs de quelqu'un, l'assister à sa mort.
14. Il se dit de ce qui
est confié. Il a nié le dépôt qu'il avait reçu. Recevoir déclaration sous le
sceau du secret. Recevoir les dernières volontés de quelqu'un.
15. Terme de guerre.
Recevoir le mot d'ordre, prendre le mot d'ordre, ou, en sens inverse, se
faire dire le mot d'ordre par ceux de qui on est en droit de l'exiger.
16. Agréer, accepter. Les
offres ont été reçues. On ne voulut pas recevoir ses excuses.
• D'ici
au mois de septembre, je ne puis recevoir aucune pensée de sortir de ce pays
[Bretagne] (SÉV. 15 janv. 1690)
• Réservez-vous
[ô Dieu], dans les temps marqués par votre prédestination éternelle, de
secrets retours [dans le catholicisme] à l'État et à la maison d'Angleterre ?
quoi qu'il en soit, recevez-en aujourd'hui les bienheureuses prémices en la
personne de cette princesse (BOSSUET Duch. d'Orl.)
• Ne
donne point un coeur qu'on ne peut recevoir (RAC. Bérén. IV, 5)
• Non,
je ne reçois point vos funestes adieux (RAC. Iphig. V, 2)
• Je
vous donne un conseil qu'à peine je reçois (RAC. ib. IV, 4)
• Souvent
dans sa colère il [le ciel] reçoit nos victimes (RAC. Phèdre, V, 3)
• Crois-moi,
reçois la paix, si tu crains ta ruine (VOLT. Fanat. II, 5)
• Il
lui arriva un jour de vouloir donner une fête à une dame qui, au lieu de la
recevoir, alla souper chez Zadig (ID. Zadig, 4)
Il se
dit de garanties, de paroles, d'écrits qui sont donnés pour servir
d'assurance, de gage. Il a reçu parole de lui. Il a reçu ma foi.
• Pendant
qu'avec un air assuré il s'avance pour recevoir la parole de ces braves
gens (BOSSUET Louis de Bourbon.)
17. Faire accueil aux
choses. Le public ne voulut pas recevoir la nouvelle doctrine.
• L'amour
qu'ils ont pour la vie leur fait recevoir favorablement tout ce qui contribue
à la conserver (PASC. Prov. XI)
• Cette
petite licence n'a pas été bien reçue (SÉV. 6 avril 1672)
• Si
l'on trouvait dans l'antiquité un poëme comme Armide ou comme Atys, avec
quelle idolâtrie il serait reçu ! mais Quinault était moderne (VOLT. Louis XIV, 32)
• C'est
ainsi que les mêmes choses sont bien ou mal reçues selon les temps, et qu'on
se plaint souvent autant de la guérison que de la blessure (VOLT. Moeurs, 181)
Bien
recevoir, mal recevoir, approuver, désapprouver.
18. Prendre en un sens ou
en l'autre.
• Je
ne sais comment vous aurez reçu la perte de vos lettres ; je voudrais bien
que vous l'eussiez prise comme il faut (PASC. Lett. à Mlle de Roannez, 3)
• Tout
ce qui viendra de vous sera reçu comme une guerre, ou feinte ou
déclarée (FÉN. Tél. XX.)
19. Reconnaître comme
vrai, comme valable.
• Le
premier [précepte] était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je
ne la connusse évidemment être telle (DESC. Méth. II, 7)
• Que,
pour toutes les opinions que j'avais reçues jusques alors en ma créance, je
ne pouvais mieux faire que d'entreprendre une bonne fois de les ôter, afin
d'y en remettre.... (DESC. ib. II, 2)
• Prouvez
par mes écrits que je ne reçois pas la constitution (PASC. Prov. XVII)
• Les
Juifs le refusent [Jésus Messie], mais non pas tous, les saints le reçoivent,
et non les charnels (PASC. Pens. XIX, 5 bis, éd. HAVET.)
• La
Grèce, toute polie et toute sage qu'elle était, avait reçu ces mystères
abominables [de Vénus] (BOSSUET Hist. II, 5)
• On
est catholique, on est uni de croyance avec l'Église, on ne rejette aucune de
ses décisions, et on les reçoit toutes purement et simplement (BOURDAL. Pensées, t. I, p. 210)
• Ce
que je vais dire d'abord n'est que pour ceux qui reçoivent le principe de M.
Descartes (MALEBR. Rech. lois des mouv. part. 1)
• On
ne doit parler, on ne doit écrire que pour l'instruction ; et, s'il arrive
que l'on plaise, il ne faut pas néanmoins s'en repentir, si cela sert à
insinuer et à faire recevoir les vérités qui doivent instruire (LA BRUY. les Caractères.)
• Dès
qu'on ne parle qu'à un petit nombre de gens, on s'engage à recevoir toutes
leurs passions et tous leurs préjugés (FÉN. Tél. XXIV)
• Le
général des jésuites exigea, pour article préliminaire, qu'on reçût la bulle
en France comme article de foi (VOLT. Hist. parl. LXII)
20. Il se dit des ordres,
des missions, etc. Il reçut l'ordre de partir.
• Ce
commandement [ne pas tuer] a été imposé aux hommes dans tous les temps ; le
Décalogue n'a fait que renouveler celui que les hommes avalent reçu de Dieu
avant la loi, en la personne de Noé (PASC. Prov. XIV)
• Peut-être
en recevant sa mission, et se mettant en devoir de l'exercer, avait-on dit
comme l'apôtre.... (BOURDAL. Pensées, t. II, p. 207)
Recevoir
la loi, obéir. Les Gaulois, vaincus par Rome, reçurent la loi.
Recevoir
les ordres de quelqu'un, être soumis à ses volontés. Je n'ai point d'ordre à
recevoir de vous.
Recevoir
les ordres de quelqu'un, signifie aussi s'informer auprès de lui de ce qu'on
peut faire qui lui soit agréable. Avant de partir j'irai recevoir vos ordres.
21. Donner accès chez soi.
C'est un homme mal famé, ne le recevez pas.
• À
recevoir le monde on vous voit toujours prête (MOL. Mis. II, 3)
• [Hommes
rares et singuliers] On en fait mention de tous côtés ; partout on les reçoit
avec agrément ; grands et petits, tout le monde leur témoigne du respect et
de la vénération (BOURDAL. Pens. t. II, p. 204)
• Recevant
les amants sous le doux nom d'amis (BOILEAU Sat. X.)
Être
reçu chez quelqu'un, être admis chez quelqu'un. Il est reçu chez le ministre.
Il est reçu partout.
• Des
personnes de la première distinction et du plus haut rang, chez qui il est
bien reçu (BOURD. Pensées, t. II, p. 222)
Recevoir
visite, recevoir la visite de quelqu'un, être visité par lui.
Recevoir
des visites, être visité par différentes personnes.
Recevoir
des visites, signifie aussi admettre chez soi les personnes par qui l'on est
visité. Pendant le premier mois de son deuil, elle ne recevra pas de visites.
Absolument.
Le ministre reçoit le jeudi. On reçoit demain à la cour. Ses salons sont
fermés ; il ne reçoit plus. Il a quitté la ville, mais il reçoit à la
campagne.
• Il
faut avoir un jour fixé pour recevoir (C. DELAV. Éc. des vieill. I, 5)
• Recevoir
me fatigue, et, pour être sincère, C'est un mal, j'en conviens, mais un mal
nécessaire (C. DELAV. ib.)
22. Recevoir quelqu'un à
sa table, lui donner à dîner. Vous serez toujours reçu à ma table.
• Permettez
qu'Esther puisse à sa table Recevoir aujourd'hui son souverain
seigneur (RAC. Esth. II, 7)
On
dit de même : recevoir au festin.
• On
nous avertit de la part du maître que tout est prêt, et qu'il ne nous reste
plus que de nous préparer nous-mêmes et de nous mettre en état d'être reçus
au festin (BOURDAL. Pensées, t. I, p. 105)
Recevoir
à la cène, admettre à la communion.
• Quand
la politique du parti [calviniste] fit résoudre qu'on recevrait les
luthériens à la cène (BOSSUET 2e avert. 23)
23. Recevoir dans son lit,
se dit d'une femme qui se marie.
• Les
Parques à ma mère, il est vrai, l'ont prédit, Lorsqu'un époux mortel fut reçu
dans son lit (RAC. Iphig. I, 2)
24. Accueillir bien ou
mal. Recevoir un ambassadeur.
• Ne
le recevez pas en meurtrier d'un frère, Mais en homme d'honneur qui fait ce
qu'il doit faire (CORN. Hor. II, 4)
• Recevant
une foule d'amis comme si chacun eût été le seul (FLÉCH. Lamoignon.)
• Mon
homme en m'embrassant m'est venu recevoir (BOILEAU Sat. III)
• Quoi
! vous êtes ici quand Mithridate arrive, Quand pour le recevoir chacun court
sur la rive ? Que faites-vous, madame ? (RAC. Mithr. II, 1)
• Il
m'a assez mal reçu ; à peine a-t-il daigné m'écouter et me répondre (FÉN. Tél. XXIV)
• Madame
vous recevra fort mal, mais elle vous écoutera (GENLIS Théât. d'éduc. l'Intrigante,
II, 8)
Populairement.
Recevoir quelqu'un comme un chien, voy.
QUILLE
2, n° 1
.
Fig.
• La
terre, son origine et sa sépulture, n'est pas encore assez basse pour la
recevoir ; elle voudrait disparaître tout entière devant la majesté du roi
des rois (BOSSUET Mar.-Thér.)
• Beaux
lieux, recevez-moi sous vos sacrés ombrages (LAMART. Médit. II, 15)
25. Il se dit de la
manière dont on soutient une attaque.
• Ils
avancèrent tout harassés pour trouver un ennemi tout frais qui les venait
recevoir (VAUGEL. Q. C. III, 11)
• Il
m'a mené jusqu'aux lignes où il m'a fait voir de quoi vous bien
recevoir (HAMILT. Gramm. 5)
• Nous
recevrons vigoureusement les troupes du roi d'Espagne ; je vous réponds
qu'elles seront battues (VOLT. Cand. 15)
Il
l'a reçu en brave, en homme de coeur, se dit d'un homme qui a fait tête
bravement à un ennemi qui venait l'attaquer.
Les
ennemis ont été reçus à grands coups de canon, on a fait sur eux un grand feu
d'artillerie quand ils se sont approchés.
Recevoir
la bataille, se dit d'une armée, d'un général qui attend l'ennemi et s'en
laisse attaquer.
26. Donner retraite chez
soi. Recevoir un proscrit.
Donner
entrée. Recevoir l'ennemi dans la place.
• Vous
avez reçu dans l'Église le nom de son ennemi ; c'est y avoir reçu l'ennemi
même (PASC. Prov. II)
27. Admettre, en parlant
de ceux qu'on soumet à quelque épreuve, à quelque condition. Il fut reçu à
l'école polytechnique. Enfin on le reçut en grâce. Il n'a pas été reçu à se
justifier.
• La
congrégation des cardinaux de propaganda fide fut obligée de défendre aux
jésuites de cacher le mystère de la croix à ceux qu'ils instruisent de la
religion [en Chine], leur commandant expressément de n'en recevoir aucun au
baptême qu'après cette connaissance (PASC. Prov. V)
• Si
j'eusse vécu, je vous aurais reçu à l'abjuration sans vous faire
languir (FÉN. Dial. des morts mod. Henri IV, Sixte V)
• Les
alliés, touchés de ces raisons, les reçurent dans l'alliance du
Péloponnèse (ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. III, p. 538, dans POUGENS)
Être
reçu à, être autorisé à, avoir congé de.
• Si
le mot de grâce suffisante est une fois affermi, vous aurez beau dire que
vous entendez par là une grâce qui est insuffisante, vous n'y serez pas
reçu (PASC. Prov. II)
• Reprenez-vous
vous-mêmes.... et puis vous serez reçus à reprendre les autres (BOURDAL. Carême, II, Zèle, 146)
• Serait-on
reçu à dire qu'on ne peut se passer de voler ? (LA
BRUY. VI)
• Si
nous supposions que ces grands corps [du ciel] sont sans mouvement, on ne
demanderait plus, à la vérité, qui les met en mouvement, mais on serait
toujours reçu à demander qui a fait ces corps (LA
BRUY. XVI)
• J'ai
vu évidemment [dans la tragédie d'Irène] qu'il faut avoir quelques reproches
à se faire, pour qu'on soit bien reçu à se tuer entre son père et son
amant (VOLT. Lett. Thibouville, 26 nov. 1777)
• Homère
serait mal reçu aujourd'hui à nous peindre un sage comme Nestor ; mais aussi
ne le peindrait-il pas de même (MARMONTEL Oeuv. t. VII, p. 431)
Fig.
• On
trouve quelquefois que les gens qu'on croit ennemis [nos ennemis] ne le sont
point ; on est alors fort honteux de s'être trompé ; il suffit qu'on soit
toujours reçu à se haïr, quand on y est autorisé (SÉV. 28 nov. 1670)
Terme
de procédure. Recevoir quelqu'un à serment. On l'a reçu partie intervenante.
On l'a reçu à prouver. Faire recevoir une caution en justice.
Fin
de non-recevoir, voy.
FIN
1, n° 6
.
28. Recevoir le mâle, se
dit des femelles qui s'accouplent.
29. Installer avec le
cérémonial ordinaire. Il a été reçu docteur. Il a été reçu à l'Académie. Cet
apprenti sera bientôt reçu maître. Cet officier fut reçu à la tête de son
régiment.
Recevoir
de majorité, se disait, dans l'ordre de Malte, de ceux qui étaient admis à
seize ans accomplis.
30. Se dit en parlant des
ouvrages de charpente, de menuiserie, de maçonnerie, etc. dans le sens de
reconnaître, après examen et mesurage ou pesage, l'espèce, la qualité et la
quantité de ces ouvrages.
31. Se recevoir, v. réfl.
Être accepté.
• Un
contentement qui est aussi chaste que ceux qui se reçoivent au ciel (BALZ. Liv I, lett. 6)
Se
retenir. Le perroquet se reçoit sur son bec.
Il
vaut mieux donner que recevoir.
HISTORIQUE
XIe
s.— [Que] nuls ne receit [reçoive] home ultre treis
nuis.... (Lois de Guill. 46)— Si recevez la lei de chrestiens (Ch. de Rol. III)— De cops
ferir, receveir et doner (ib. XC)— [Elle] Chet [tombe] li as piés, l'amirals la
reçut (ib. CXCVII)
XIIe
s.— Belleem est senz faille et digne de rezoyvre
nostre Signor (ST BERN. 534)— Venez vous ci treü reçoivre (WACE Brut, V. 3133)
XIIIe
s.— Et vos avés tuit juré seur sains que celui que
nos eslirons, vos pour empereour le recevrés et pour seigneur (VILLEH. CX)— Margiste lui fera
recevoir tele rente.... (Berte, X)— Doucement [elle] a le roy en ses bras receü (ib. LXXIX)— Mout a li rois
Pepins noblement receü Le bon roi de Hongrie (ib.
CXXIII)— Se vous m'aviiez à ami Reçut, et je
vous à amie.... (Lai de l'ombre)— Chil [celui] qui ne veut jurer que se [sa] demande est
vraie ne doit pas estre recheüs en se [sa] demande (BEAUMANOIR VI, 31)— Comme la cire reçoit
la figure dou seel [sceau] (BRUN. LATINI Trésor, p. 466)— Prodigues est cil qui se desmesure en doner et faut en
reçoivre (BRUN. LATINI ib. p. 284)— Il [les Turcs] portoient lors les touailles, quant il
se vouloient combatre, pource que elles reçoivent un grant coup
d'espée (JOINV. 273)
XIVe
s.— Verité est que le profit du recevant est la
mesure de la retribucion (ORESME Eth. 25)— Il se receut [se retira] parmi ses gens (Chron. de St Denis, t. II, f° 40, dans LACURNE)
XVIe
s.— Tu venois lors tout freschement De confesse et
de recevoir [communier] (MAROT p. 17, dans LACURNE)— Il receut la ville de Heraclea, laquelle
vouluntairement se rendit à luy (AMYOT Démétr. 28)— Il est receu de tout temps de.... (MONT. I, 15)— Recevoir pour
ami (MONT. I, 27)— Les opinions et
moeurs approuvées et receues autour de nous (MONT. I, 115)
ÉTYMOLOGIE
Wallon,
rissûr ; patois des Fourgs, r'cidre ; provenç. recebre ; esp. recibir ; ital.
ricevere ; du lat. recipere, de re, et capere, prendre. Dans l'ancienne
langue, l'infinitif a deux formes reçoivre et recevoir ; la première est
correcte, représentant recipere, qui a l'accent sur ci ; la seconde
représente une forme barbare recipère, d'où recevoir et receü, devenu par
contraction reçu. Le participe de la pre mière est recept, recet, recette, de
receptus.