La
Fureur de vaincre • La Nouvelle Fureur de vaincre • Né pour vaincre • Survivre, comment vaincre en milieu hostile • Vaincre la
mucoviscidose • Vaincre les maladies lysosomales • Vaincre ou périr • Vaincre à Olympie
1. Remporter à la guerre
un grand avantage sur les ennemis.
• S'il
[César] les vainc [ses ennemis], s'il parvient où son désir aspire (CORN. Pomp. II, 4)
• Ceux
que ni les armes n'avaient pu vaincre ni les conseils ramener, sont revenus
tout à coup d'eux-mêmes (BOSSUET Reine d'Anglet.)
• Malgré
le mauvais succès de ses armes infortunées, si on a pu le vaincre [Charles
Ier], on n'a pu le forcer (BOSSUET ib.)
• Il
tenait pour maxime qu'un habile capitaine peut bien être vaincu, mais qu'il
ne lui est pas permis d'être surpris (BOSSUET Louis de Bourbon.)
• Annibal
l'a prédit, croyons-en ce grand homme : Jamais on ne vaincra les Romains que
dans Rome (RAC. Mithr. III, 1)
• Allons
au Capitole remercier les dieux de ce qu'en un jour semblable à celui-ci, je
[Scipion] vainquis Annibal et les Carthaginois (FÉN. Dial. des morts anc. Dial.
35)
• [Peuples]
qui n'ont rien à perdre si vous les vainquez, et tout à gagner s'il vous
vainquent (ROLLIN Hist. nat. Oeuv. t. II, p. 127, dans POUGENS)
• C'était
le mot du sire de Coucy au roi Charles V, que les Anglais ne sont jamais si
faibles ni si aisés à vaincre que chez eux ; c'est ce qu'on disait des
Romains : c'est ce qu'éprouvèrent les Carthaginois (MONTESQ. Esp. IX, 7)
Absolument.
• À
vaincre sans péril on triomphe sans gloire (CORN. Cid, II, 2)
• Tu
sais vaincre, disait un brave Africain au plus rusé capitaine qui fut jamais,
tu ne sais pas user de ta victoire (BOSSUET Reine d'Anglet.)
• Il
chasse l'ennemi, il vainc sur mer, il vainc sur terre (LA BRUY. XII)
Fig.
• Je
suis vaincu du temps, je cède à ses outrages (MALH. II, 12)
2. Avoir l'avantage sur
ses concurrents. Vaincre à la course. Vaincre dans la dispute.
• Toute
l'assemblée avoua que j'avais vaincu [dans une interprétation] le sage
Lesbien ; et les vieillards déclarèrent que j'avais rencontré le vrai sens de
Minos (FÉN. Tél. v.)
• Vers
la soixantième olympiade, 540 ans avant Jésus-Christ, Pindare fut vaincu cinq
fois par Corinne (CONDIL. Hist. anc. IV, 5)
3. Surpasser, quand il
s'agit d'une sorte d'émulation entre les personnes.
• ....Me
vaincre en générosité (CORN. Pomp. IV, 4)
• Il
[Omphis] fit de magnifiques présents à Alexandre, qui ne se laissa pas
vaincre en générosité (ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. VI, p.
496, dans POUGENS)
4. Surmonter, venir à bout
de. Il a vaincu tous les obstacles.
• Voilà
les ennemis [la révolte, l'hérésie] que la reine a eu à combattre, et que ni
sa prudence ni sa douceur ni sa fermeté n'ont pu vaincre (BOSSUET Reine d'Anglet.)
• Un
moment a vaincu mon audace imprudente (RAC. Phèdre, II, 2)
• Vous
aimez ; on ne peut vaincre sa destinée (RAC. ib. IV, 6)
Absolument.
• On
ne vainc qu'en combattant (ROTR. St Gen. v, 1)
• Il
ne conviendrait pas que ces messieurs vainquissent par une femme (MAINTENON Lett. au duc de Noailles, t. v, p. 249, dans POUGENS.)
En
amour.
• Près
du sexe tu vins, tu vis et tu vainquis ; Que ton sort est heureux ! allons,
saute, marquis ! (REGNARD le Joueur, IV, 10)
5. Il se dit des
sentiments, des passions dont on triomphe.
• Apprends
sur mon exemple à vaincre ta colère (CORN. Cinna, v, 3)
• Elle
gémissait dans son incrédulité qu'elle n'avait pas la force de vaincre (BOSSUET Anne de Gonz.)
• Et
qu'un héros vainqueur de tant de nations Saurait bien tôt ou tard vaincre ses
passions (RAC. Bérén. II, 2)
6. Se laisser vaincre, se
laisser toucher, fléchir. Se laisser vaincre à la pitié.
• Ce
coeur se laisse vaincre aux voeux que j'ai formés (CORN. Tois. d'or, Prol. sc. 1)
• Sensible
jusqu'à la fin à la tendresse des siens, il [Condé mourant] ne s'y laissa
jamais vaincre, et au contraire il craignait toujours de trop donner à la
nature (BOSSUET Louis de Bourbon.)
7. Vaincre un cheval, le
dompter.
8. Se vaincre, v. réfl.
Maîtriser ses passions, ses sentiments.
• Domitian
: Qui se vainc une fois peut se vaincre toujours.... - Tite : Qui se vainc
une fois sait bien ce qu'il en coûte (CORN. Tite et Bérén. II, 2)
• Faisons-nous
violence, et vainquons-nous d'abord ; Tout deviendra facile après ce grand
effort (CORN. Imit. I, 11)
• Il
mettait la grandeur non à s'élever, mais à se vaincre, à ne faire rien de
bas (FÉN. Tél. XIII)
REMARQUE
— De
l'amour aisément on ne vainc pas les charmes : je n'insiste pas sur ce mot
vainc, qui ne doit jamais entrer dans les vers, ni même dans la prose ; on
doit éviter tous les mots dont le son est désagréable, et qui ne sont qu'un
reste de l'ancienne barbarie (VOLT. Comm. Corn. Rem. Ariane, IV,
4) Le fait est
que vainc est peu usité ; mais Voltaire est tellement aveuglé par la
prévention et par son idée d'une prétendue barbarie, qu'il déclare
désagréable un son contre lequel il n'a aucune objection dans vin, vain,
vingt, vint.
HISTORIQUE
Xe s.— Voldrent la veintre li deo inimi [les ennemis de
Dieu] (Eulalie)
XIe
s.— Li reis Marsile est de guere vencud (Ch. de Rol. XVI)— Mais ço ne
set li quels veint, ne quels nun (ib.
CLXXXII)— À icest colp est li esturs
vencut (ib. CCLXXXVIII)— Quant Tierris ad vencue sa bataille (ib. CCLXXXIV)
XIIe
s.— Si vainquerons, que Jhesus nous aïe (Ronc. p. 136)— Pour voir
[vrai] vous di que rois Charles vaincra (ib.
p. 138)— Vainque pitiez, douce dame, et
Amors (Couci, VII)— S'amours
ne vaint raison, j'i doi faillir (ib. VIII)— Quant veit li reis Henris que veincre nel purra
[Thomas de Canterbury], Ne que les clercs forfaiz desfaire ne lerra, Mult
durement vers lui en ire s'enflambla (Th. le
mart. 28)
XIIIe
s.— Par l'aide de Dieu, si avint que les
vainquirent li Franc et desconfirent (VILLEH. CXXXII)— Bien m'avez reschaufée et moult bien repeüe ; Grant
mestier [besoin] en avoie, toute estoie vaincue (Berte, LII)— Ainsinc sunt ars
avant venues, Car tutes choses sunt veincues Par travail, par povreté
dure (la Rose, 20376)— Et par ce dit on : convenence loi vaint, exceptées les
convenances qui sont fetes par malveses causes (BEAUMANOIR XXXIV, 2)
XIVe
s.— Concupiscences teles que plusieurs ne les
pourroient vainquir (ORESME Eth. 218)— Mal vaint qui se repent de sa victoire (Ménagier, I, 9)
XVIe
s.— Le vaincre par force est moins glorieux que
par.... (MONT. I, 24)— Le vray vaincre a
pour son roolle l'estour, non pas le salut (MONT. I, 244)— Le françoys ne se vainc que par le françoys
mesme (Sat. Mén. p. 212)— À la fin vaincu de la honte et du deshonneur que ce
luy estoit (AMYOT Cat. d'Utiq. 45)— Caesar ne
faisoit pas grande chose, ains estoit Antonius qui vainquoit tousjours (AMYOT Anton. 25)
ÉTYMOLOGIE
Provenç.
vencer, venser ; espagn. vencer ; ital. vincere ; du lat. vincere, que les
étymologistes rattachent à vincire, lier, vinculuni, lien : vaincre, ce
serait enchaîner.
SUPPLÉMENT
AU DICTIONNAIRE
VAINCRE.
- REM. Ajoutez :
2.
Corneille a employé tu vaincs :— Plus tu vaincs la
nature et l'oses maltraiter, Plus cette grâce abonde... (CORN. Imit. III, 5877) À l'occasion il convient de suivre son exemple.