"
Elle a mis fin à leur amitié en découvrant qu’il avait déjà été reconnu
coupable d’un crime " " L’attaque contre la Pologne a mis fin
à la période relativement pacifique d'après la première guerre mondiale
"
commencer,
débuter, démarrer, mettre, se mettre au travail - faire démarrer[Ant.]
clore (verbe)↕
Le Littré (1880)
CLORE (v. a.)[klo-r']
1. Boucher ce qui est
ouvert. Clore les passages.
• Je
sais qu'il fit trancher et clore ce conduit Par où ce grand secours devait
être introduit (CORN. Pomp. V, 3)
Dans
la vannerie, clore une corbeille, serrer l'osier avec un fer.
Clore
l'oeil, la paupière, dormir.
• Ne
pouvant clore l'1oil, se plaignait en pleurant (RÉGNIER Dial.)
• Il
ne connaissait plus le sommeil, et la froide main de la mort pouvait seule
lui clore les yeux (BOSSUET le Tellier.)
Fig.
Clore la bouche à quelqu'un, l'empêcher de parler, le réduire à ne pouvoir
répondre.
• Mais
la naïveté.... Clôt-elle pas la bouche à leur impiété ? (MALH. I, 1)
2. Enclore. Clore une
ville, un jardin.
3. Fig. Terminer. Clore un
marché.
• Quand
j'aurai clos mon dernier jour (MALH. V, 20)
• Oui,
seigneur, cette heure infortunée Par mes derniers soupirs clora ma
destinée (CORN. Nicom. IV, 1)
• J'écris
quelques pages sur votre compte ; vous clorez, s'il vous plaît, le siècle de
Louis XIV ; car vous êtes né sous lui (VOLT. Lett. duc de Richelieu, 25
oct. 1761)
• Qui
empêche, quand on s'aperçoit de la fuite du bonheur, de clore la vie ? (CHATEAUB. Natch. II, 157)
Déclarer
terminé. Clore une discussion dans une assemblée.
4. Dans les exercices de
la chevalerie, clore le pas, terminer le tournoi, par opposition à ouvrir le
pas, commencer le tournoi.
5. V. n. Cette porte,
cette fenêtre ne clôt pas.
• Lorsque
le jour allait clore (CHATEAUB. Amér. 67)
6. Se clore, v. réfl. Être
clos. Un oeil qui se clôt.
REMARQUE
Des
grammairiens se sont plaints qu'on laissât sans raison tomber en désuétude
plusieurs formes du verbe clore. Pourquoi en effet ne dirait-on pas : nous
closons, vous closez ; l'imparfait, je closais ; le prétérit défini, je
closis, et l'imparfait du subjonctif, je closisse ? Ces formes n'ont rien de
rude ni d'étrange, et il serait bon que l'usage ne les abandonnât pas.
SYNONYME
CLORE,
FERMER. Fermer, qui vient de firmare, rendre ferme, assurer, fortifier, s'est
substitué peu à peu à tous les emplois de clore qui, venant de claudere,
était, à l'origine, le mot propre. Aussi, malgré l'étymologie, n'y a-t-il
guère de différence qu'en ce que le premier est d'un usage général, tandis
que le second est d'un emploi restreint. Qu'on prenne toutes les locutions,
et l'on verra que les nuances sont insaisissables. On ferme ou on clôt un
jardin de murs ; le sommeil nous ferme ou nous clôt les yeux ; le président
ferme ou clôt la discussion ; cette porte ne ferme pas bien ou ne clôt pas
bien (pourtant on dira, avec une nuance : cette porte ferme bien, mais elle
ne clôt pas ; c'est-à-dire les verrous en sont solides, mais elle laisse des
jours). En un mot, fermer, prenant le sens de clore, s'est partout substitué
à lui, excepté dans quelques locutions toutes faites : à huis clos, et non à
huis fermé ; nuit close, et non nuit fermée ; le propriétaire de la maison
est obligé de tenir le locataire clos et couvert, et non fermé (ici fermé
ferait presque un contre-sens). En revanche, ce serait un autre contre-sens
que de dire à quelqu'un de clore la porte, au lieu de fermer la porte, parce
qu'on veut dire l'arrêter par le pêne ou par un loquet, non pas la clore. En
somme, c'est l'effet naturel d'un mot impropre qui se substitue à un mot
propre, d'en prendre la plupart des significations et pourtant de ne pas le
chasser des locutions traditionnelles.
HISTORIQUE
XIIe
s.— Sire [il] fu de Illande, une terie où mers
clot (Sax. XVII)— Plus
a fierté Herupe et Bretaigne et Touraine Que tous li remenanz que mers cloe
et açaine (ib. XXX)— De
ci que il out parfait sun palais e le temple nostre seignur, e clos le mur
envirun Jerusalem (Rois, 233)
XIIIe
s.— Ces haus murs et ces riches tours dont la vile
estoit close (VILLEH. LXI)— Lors se clostrent li nostre de lices par defors (VILLEH. CLIII)— Et si ot molt bele
maison, Close de haut mur environ (Lai du
trot)— Por la destrece de mort cloudrent [se
fermèrent] mi oeil (Psautier, f° 106)— Ançois doivent li auditeur clorre et seeler ce qui est
fet et aporter en jugement (BEAUMANOIR VI, 15)— Et nous n'avons point de demain, Quar li termes vient
et aprouche Que la mort nous clorra la bouche (RUTEB. 97)— Li roys fist clorre tout
l'ost de grans fossés (JOINV. 218)— Et commanda le roy que l'en clousist nostre ost de
fossés (JOINV. 221)— Et jà parole ne fust
née, Se bouche fust close tous jours (Denier
et brebis, dans JUBINAL, t. II, 264)
XIVe
s.— Son sanc est ou cuer et es euls [yeux] qui sont
gros, et ne les clot onques (ORESME Eth. 23)
XVe
s.— Pour eux tollir et clorre le pas de la mer [aux
assiégés de Calais] (FROISS. I, I, 315)— Où ils cloyoient la plus part de l'ost (COMM. I, 2)— Commanderent qu'on
amenast le charroy là où nous estions et que on nous cloyst, et ainsi fut
fait (COMM. I, 4)— Avant que le roy prist
Arras, la ville cloyoit contre la cité, et y avoit grans fossez et grandes
murailles entre deux, ainsi la cité estoit bien close (COMM. VI, 6)— Je vous supplie que
vous cloyez les fenestres, afin que nous soyons plus secretement (LOUIS XI Nouv. XCVIII)
XVIe
s.— .... Car crainte et doubte alors Luy cloent le
bec, contemplant les richesses (J. MAROT V, 266)— Mais mieux me vaut rendre ma lettre close (MAROT II, 23)— Clouez tout court,
rentrez de bonne sorte : Maistre passé serez certainement En un
rondeau (MAROT II, 373)— En liberté
maintenant me pourmaine, Mais en prison pourtant je fus cloué (MAROT II, 425)— Cela n'eust pu
sembler autre chose que battre l'air à clos yeux (CALVIN 26)— Juppiter s'excusoyt,
remonstrant que tous ses benefices estoyent distribuez, et que son estat
estoyt clouz (RAB. Pant. III, 33)— Le soleil
levant, il s'espanouit ; soy cachant, il se cloust (RAB. ib. III, 50)— Clore et plier
une lettre (MONT. I, 293)— Il ne m'est onques
advenu de trouver la bourse de mes amis close (MONT. I, 312)— Je m'en vais clore
ce pas par un verset ancien que.... (MONT. I, 336)— Tel en camp clos, qu'en une battaille (MONT. II, 7)— Elle appelle ses
filles pour luy clorre les yeulx (MONT. II, 41)— Le gardans de pouvoir clorre l'oeil, en le
contraignant par toute voye et tout moyen de veiller et demourer sans
dormir (AMYOT P. Aem. 59)— Ilz avoient
conspiré entre eulx, que le premier jour que les Romains sortiroient, ilz
leur clorroient la porte à la cueue (AMYOT Marcel. 14)— Pour clorre le chemin à ses ennemis... (AMYOT Sylla, 46)— Il se jettoit à
clos yeux au danger (AMYOT Phocion, 8)— Quand se vint à la nuict close, que l'on ne voyoit
desjà plus goutte (AMYOT César, 41)— Jusques à ce que les ennemis vindrent à monter sur les
remparts qui clouoient son camp (AMYOT ib. 60)— Fermant la bouche à la raison, et clouant les yeux à
l'imagination du peril (AMYOT Pomp. 85)— Qu'elle tienne son halaine par intervale, en clouant
le nez et la bouche (PARÉ t. II, p. 629)— Nous fismes un contract ensemble l'autre jour, Que tu
me donnerois mille baisers d'amour, à levres demi-closes (RONS. 810)
ÉTYMOLOGIE
Berry,
clouer ; picard, cloer, cloure ; provenç. claure, clauzer, clure ; anc.
catal. cloir ; ital. chiudere ; du latin claudere. L'ancien français disait
il clot et il cloe, nous cloons, il clooit ; d'où la confusion qui s'est
faite, pour le son, avec clouer.
SUPPLÉMENT
AU DICTIONNAIRE
CLORE.
- HIST. XVIe s. Ajoutez :— Vray est que la rigueur
de l'inquisition les fait tenir [les Espagnols] clos et couverts [peu
communicatifs] (GUY COQUILLE Dialogue sur les causes des
misères de la France, Oeuvres, éd. de 1666, t. I, p. 259) (voy. à CLOS 1, n° 2, un
emploi semblable de clos et couvert en des auteurs plus récents).